mercredi 29 juin 2011

Flottements


Plus rien ne me motive.
J'ai peur de tout.
Tout me semble inutile et perdu d'avance.
Je ne veux même plus manger.
Je me recroqueville dans un coin.
Je me fait de plus en plus petit.
Je voudrais me vider.
Ne plus penser.
J'aimerais disparaître.
Faire le vide.
Repartir de zéro.
Mais c'est pas possible.
Alors je n'arrive qu'à m'enfermer de plus en plus.
Tourner et retourner mes angoisses.
Jusqu'à ce qu'elles me dévorent.
Je voudrais que ça soit plus simple.
Que ma vie soit fluide, agréable.
Mais c'est un enchevêtrement de problèmes complexes.
Une cacophonie incessante qui me dépasse.
Je ne comprends pas.
Quel est le sens de tout ça ?
D'habitude j'attends que ça passe, j'enfouis ça, j'essaye d'oublier, de m'occuper pour ne pas y penser.
Mais des fois ça remonte.
Comme une marée qui brise une digue.
C'est violent et terrifiant.
Et on est impuissant.
Des fois on attends que la marée baisse pour reconstruire une digue et assécher les terres inondées, tenter de reconstruire en sachant pertinemment que c'est inutile car ça recommencera.
Et des fois on a juste envie que la marée nous emporte...

Chroniques de Valentin

Ivresse des profondeurs


Sois jeune et tais-toi.
C'est si compliqué de s'amuser sans alcool, sans shit, sans tabac... bref en un mot sans les drogues proposées par la société de consommation ?
Les gens bourrés ne sont drôles que pour les gens bourrés. Les gens défoncés ne sont drôles que pour les gens défoncés. A la limite ça peut faire rire 5 minutes, voir 10 dans le meilleur des cas. Quand ce n'est pas pathétique dès le début, ça le devient très rapidement, jusqu'à être vraiment glauque et lugubre. Autant dire que si tu ne veux ni être bourré ni être défoncé à une soirée tu va t'emmerder grave. Et t'est tout de suite jugé comme "pas marrant" par les autres. Pourtant à la base, t'aime bien les gens avec qui t'est, t'aime bien passer du temps avec eux. Mais là quand tu refuse qu'on t'impose leurs drogues, quand t'est pas d'accord pour entrer dans cette uniformisation risible d'une jeunesse stéréotypée, tu te retrouve derechef exclu de leurs "trips".
C'est une culture de l'uniformisation terrifiante. Toi aussi entre dans le cercle des jeunes cool fun, toi aussi deviens comme tout le monde. C'est marrant mais vous êtes tous et toutes des stéréotypes. Vous n'êtes pas des personnes. Vous êtes des stéréotypes. Vous faites comme "les autres". Parce que c'est "cool" de fumer, boire etc.. Aujourd'hui c'est bien simple, l'effet de groupe aidant, passer une soirée avec des ami-e-s signifie, quand ce n'est pas aller s'étouffer de fumée à des prix exorbitants dans des bars ou boîtes, boire beaucoup d'alcool chez untel ou unetelle avec toujours les mêmes jeux à la cons, les même trips de gamins. Oui des gamins c'est ça vous êtes des gamins. C'est bien simple, ce que vous faites on le faisait déjà au collège. Ensuite au lycée c'était pareil. Maintenant vous êtes en fac ou vous avez un boulot mais vous faites toujours pareil. Toujours les même délires d'ivrognes, pathétique à souhait. Vous n'avez pas changé. Toujours des gamin-e-s. Mais vous avez pas l'air de vous en lasser.
Cette culture "jeune cool fun" c'est la culture de l'exclusion. Quand t'as pas envie de foutre ta santé en l'air ou que tout simplement t'as pas envie de te bourrer la gueule, t'est exclu de fait. D'un côté ce sont des ami-e-s avec qui t'as envie de passer du temps, mais ils t'imposent un seul type de soirée. Un stéréotype de soirée plutôt. Et vu que t'entre pas dans leur trips répétitifs, ça te fait chier assez rapidement. Alors entre faire des trucs tout seul chez toi ou te faire chier et déprimer au milieu des autres, le choix est vite fait. Sauf que tu te retrouve tout seul. C'est la culture de l'exclusion.
Se sentir seul au milieu de gens qu'on apprécie, il n'y a rien de pire. On a perdu sa place. On ne nous a pas laissé de place dans la société. Une vie sociale aussi vide que le journal de TF1. C'est tout ce qu'il reste à ceux qui ne sont pas "jeunes cool fun". Ça me fait gerber, ou pleurer, selon les jours.

Chroniques de Valentin